Sélectionner une page

Introduction

Le Luxembourg, petit pays économiquement dynamique situé au cœur de l’Europe, est connu pour son environnement favorable aux entreprises et son secteur financier robuste. Pour les entreprises opérant au Luxembourg, il est essentiel de comprendre les règles et réglementations régissant la fiscalité.

Règles d’imposition des sociétés de capitaux luxembourgeoises

Les règles fiscales luxembourgeoises applicables aux sociétés de capitaux (Sàrl ou société à responsabilité limitée, société anonyme ou société anonyme), y compris les sociétés de capitaux et les entités similaires, reflètent largement celles qui s’appliquent aux entreprises individuelles et aux sociétés de personnes. Toutefois, certaines spécificités propres aux sociétés de capitaux nécessitent un examen plus approfondi.

Comptabilisation des transactions avec les actionnaires

Dans le cas des entreprises individuelles, la législation fiscale luxembourgeoise définit différents types de transactions qu’un propriétaire d’entreprise peut entreprendre avec sa propre entreprise. Il s’agit par exemple de la perception d’un salaire, d’un retrait privé ou du transfert d’un bien immobilier à l’entreprise, ce qui entraîne une cotisation supplémentaire.

Les sociétés de capitaux, quant à elles, possèdent une identité juridique et fiscale distincte, considérant les actionnaires comme des entités distinctes avec lesquelles elles peuvent conclure des contrats, comme elles le feraient avec des tiers. Par conséquent, les salaires versés par la société à ses actionnaires pour leur travail au sein de la société sont considérés comme des salaires réguliers, et la vente d’un bien immobilier d’un actionnaire à la société reste une vente de bonne foi.

Distinction entre les dépenses génératrices de revenus et les dépenses d’utilisation des revenus

Comme les entreprises individuelles et les sociétés de personnes, les sociétés de capitaux doivent faire la distinction entre les dépenses engagées pour générer des bénéfices (dépenses déductibles) et les dépenses constituant l’utilisation des revenus (dépenses non déductibles).

Cette distinction s’applique également aux charges et produits liés aux transactions avec les actionnaires, qui doivent être exclusivement liés aux activités de l’entreprise pour influencer positivement ou négativement les bénéfices de l’entreprise.

Deux cas de figure se présentent lorsque le bénéfice comptable d’une entreprise est soit artificiellement diminué, soit gonflé en raison de transactions avec les actionnaires :

Distributions cachées de bénéfices

Lorsqu’un actionnaire reçoit directement ou indirectement des avantages de l’entreprise qu’il n’aurait pas reçus s’il n’était pas actionnaire, l’entreprise subit soit une perte de revenus potentiels, soit une diminution de sa valeur nette. Dans ce cas, la transaction réelle est remplacée par ce qui se serait passé si l’actionnaire avait été un tiers. La société est alors réputée avoir distribué un dividende non divulgué égal à l’avantage anormal accordé à l’actionnaire.

Apports en capital cachés

Si l’un des actionnaires permet à la société de réaliser un bénéfice qu’elle n’aurait pas obtenu autrement dans le cadre de transactions avec des tiers (par exemple, abandon de créance, cession d’un actif à un prix inférieur à la valeur de marché), le bénéfice comptable doit être diminué de l’avantage anormalement acquis. Cet avantage est traité comme un apport supplémentaire de capital à la société.

Recettes d’exploitation

Sous certaines conditions, les plus-values importantes réalisées sur les participations peuvent être exonérées d’impôt au Luxembourg. Ce régime, connu sous le nom de régime “mère-fille” (également utilisé sous le régime SOPARFI:“Société de Participation Financière“, la société holding luxembourgeoise), vise à éliminer la double imposition économique des dividendes, qui se produirait à la fois au niveau de la filiale et de la société mère.

De même, les plus-values réalisées lors de la vente d’actions de sociétés, qui sont généralement imposables, peuvent être exonérées sous certaines conditions.

Imposition des dividendes

Le traitement fiscal des dividendes au Luxembourg est variable et peut être classé en trois catégories principales :

Exonération totale des dividendes

Les dividendes perçus par une société peuvent être totalement exonérés si les conditions suivantes sont remplies :

  • La société mère doit être une société de capitaux résidente ou un établissement permanent basé au Luxembourg d’une société de capitaux résidente dans un pays conventionné.
  • La filiale doit être une participation éligible, ce qui signifie qu’il s’agit soit d’une société de capitaux résidente pleinement imposable, soit d’une société de l’Union européenne couverte par la directive mère-fille, soit d’une société de capitaux établie dans une juridiction conventionnelle ou non conventionnelle d’un pays tiers, soumise à une imposition comparable à celle du Luxembourg (considérée comme comparable si le taux d’imposition effectif est d’au moins 10,5 %, soit, selon la pratique administrative, la moitié du taux de l’impôt sur le revenu des sociétés).
  • La participation doit représenter au moins 10 % du capital social de la filiale. Toutefois, ce seuil de 10 % n’est pas requis si le coût d’acquisition de la participation est d’au moins 1,2 million d’euros.
  • L’exonération est accordée pour autant que la société mère détienne ou s’engage à détenir la participation de manière continue pendant une période de 12 mois, et que le pourcentage reste intact pendant cette période.
  • Les revenus générés par les participations doivent être constitués de dividendes ou de produits similaires (produits de liquidation).

Exonération partielle de 50 % des dividendes bruts

Lorsque les conditions de l’exonération totale ne sont pas remplies, soit parce que le pourcentage de participation requis n’est pas atteint, soit parce que le délai de détention de 12 mois n’est pas respecté, les dividendes peuvent bénéficier d’une exonération partielle égale à 50 % du montant brut des dividendes. Cette exonération est subordonnée au respect de toutes les autres conditions d’exonération totale. Les dividendes doivent donc provenir d’une participation éligible.

Imposition totale des dividendes

Les dividendes qui ne bénéficient pas d’une exonération totale ou partielle sont soumis à une imposition totale. Un exemple de ce scénario est celui des dividendes versés par des participations non éligibles, telles que des sociétés établies dans des paradis fiscaux.

Imposition des plus-values

Pour bénéficier de l’exonération, certaines conditions doivent être remplies :

  • La société mère et la filiale doivent remplir les mêmes conditions que celles requises pour percevoir des dividendes totalement exonérés, à l’exception du fait que la société mère doit détenir au moins 10 % du capital social de la filiale ou avoir acquis la filiale pour un coût d’acquisition minimum de 6 millions d’euros.
  • L’exemption est accordée à condition que la société mère détienne ou s’engage à détenir une participation significative pendant une période d’au moins 12 mois. Dans le cas où l’entreprise cède sa participation par étapes, le respect de la période de détention pour une part de 10 % ou 6 millions d’euros est suffisant.

Plus-values exceptionnellement imposables

Dans certains cas, des plus-values qui rempliraient autrement toutes les conditions d’exonération peuvent encore être soumises à l’impôt. L’une de ces situations se présente lorsque des charges excessives ont été encourues avant la vente, ce qui a réduit la base d’imposition dans le passé ou a conduit à des reports de pertes pour l’entreprise. Dans ce cas, le législateur soumettra la plus-value à l’impôt à concurrence des charges excédentaires supportées dans le passé.

Régime du bénéfice consolidé : Intégration fiscale

L’intégration ou la consolidation fiscale est un régime fiscal dans lequel une filiale d’une société mère est traitée comme un simple établissement permanent, ce qui permet de compenser les bénéfices et les pertes entre les deux entités, même s’il s’agit de contribuables distincts.

Les conditions de ce régime sont les suivantes :

  • La société consolidante doit être une société de capitaux résidente ou un établissement stable luxembourgeois d’une société de capitaux non-résidente soumise à un régime fiscal comparable au système luxembourgeois.
  • Toutes les sociétés à consolider doivent être des sociétés de capitaux résidentes pleinement imposables (la propriété indirecte de sociétés de capitaux résidentes pleinement imposables par l’intermédiaire d’entités transparentes préserve l’éligibilité à l’intégration fiscale). La consolidation fiscale internationale n’est pas possible.
  • La société consolidante doit détenir au moins 95 % du capital social de la filiale. Ce seuil peut être abaissé à 75 %, sous réserve de l’avis positif du ministre des Finances. La participation doit également être reconnue comme particulièrement favorable au développement économique du pays.
  • Les sociétés à consolider doivent en faire la demande auprès de l’administration fiscale. L’agrément est accordé pour une période minimale de 5 ans et les effets de la consolidation ne s’appliquent qu’à partir de la date d’agrément.

Dépenses de fonctionnement

Déductibilité de la rémunération des dirigeants

Les rémunérations versées aux administrateurs pour leurs fonctions de gestion courante constituent des salaires déductibles, même si l’administrateur est également actionnaire de la société. Les autres rémunérations versées aux administrateurs, appelées “tantièmes”, ne sont pas déductibles de la base imposable de la société.

Déductibilité des charges financières

Paiements d’intérêts

Les intérêts payés par les sociétés de capitaux pour les emprunts qu’elles ont contractés sont généralement déductibles de leur base imposable. La déductibilité est automatique, quel que soit le statut du prêteur (les intérêts versés à une banque prêteuse sont déductibles, de même que les intérêts versés sur les comptes courants d’actionnaires), ou son statut fiscal (la déduction s’applique que les intérêts soient versés à une personne pleinement imposable ou non imposable).

Toutefois, un actionnaire peut être tenté de financer l’entreprise en accordant des prêts avec intérêts au lieu d’injecter des capitaux. Cela permet à l’actionnaire de recevoir une rémunération sous forme d’intérêts déductibles pour la société, plutôt que des dividendes non déductibles. Si l’actionnaire reçoit, par le biais du prêt accordé, des avantages qu’il n’aurait normalement pas obtenus s’il n’était pas actionnaire, les paiements d’intérêts peuvent être reclassés en tant que distributions de dividendes cachés.

L’administration fiscale examinera de près les taux d’intérêt excessivement élevés et qualifiera de dividende caché tout taux d’intérêt supérieur à ce qu’un tiers aurait exigé dans la même situation. De même, l’endettement excessif des sociétés de capitaux peut faire l’objet d’un examen approfondi (les conséquences de la sous-capitalisation impliquent de reclasser les fonds empruntés en fonds propres et de désigner les intérêts payés sur le montant excédentaire de l’emprunt comme des dividendes cachés).

En règle générale, un ratio dettes/fonds propres de 15 à 85 (15 : fonds propres, 85 : dettes) est acceptable lorsqu’une entreprise emprunte auprès de ses actionnaires pour acquérir une participation. Il n’est pas nécessaire de respecter un ratio d’endettement spécifique si le prêt est accordé par un tiers, généralement une banque.

Les dépenses liées aux revenus exonérés ne sont pas déductibles. Cette règle implique que les paiements d’intérêts sur les emprunts contractés pour financer l’acquisition d’une participation ne sont pas déductibles si les dividendes reçus de cette participation sont partiellement ou totalement exonérés.

Toutefois, une exception est prévue pour les intérêts dépassant le montant des dividendes perçus (charges excessives). Dans ce cas, la partie excédentaire des intérêts reste déductible de la base imposable.

  • Dividendes entièrement exonérés : Les règles générales s’appliquent.
  • Dividendes partiellement exonérés : Il convient de noter que les revenus perçus sont imposables à hauteur de 50 %. Par conséquent, les charges ne sont pas déductibles à moins de 50 %.
  • Dividendes entièrement imposables : Les frais liés à ces dividendes sont entièrement déductibles.

En conclusion, la compréhension des règles et réglementations fiscales régissant les sociétés de capitaux luxembourgeoises est essentielle pour une gestion financière et une conformité efficaces. Les spécificités liées aux transactions avec les actionnaires, à l’imposition des dividendes, aux plus-values et aux déductions de dépenses sont des domaines clés qui nécessitent un examen approfondi. En respectant ces règles, les entreprises peuvent optimiser leurs positions fiscales tout en restant en conformité avec la législation fiscale luxembourgeoise.

Pour enregistrer votre société luxembourgeoise (Sàrl/société à responsabilité limitée ou SA/société anonyme ou autre), ou votre société holding luxembourgeoise, veuillez contacter votre expert Damalion.